Test Le Choc des Titans

Publié le par Le gamer

D’habitude les responsables du marketing sont un peu plus fins que ça. Quitte à sortir le jeu officiel d’un film, autant profiter de la sortie cinéma du long métrage pour vendre des produits dérivés. Avec Le Choc des Titans, Warner Bros passe à côté de la sortie en salles et présente son produit avant son exploitation en DVD et Blu Ray. Au moins, il permettra de faire revivre aux fans les aventures de Persée entre ces deux moments. Un bon palliatif pour rendre l’attente plus supportable, d’autant que le jeu va bien au-delà de ce que l’on a pu voir sur la pellicule.


Remake d’un film culte

 


Avant d’être sauvagement assassiné par Kratos dans une scène d’anthologie de God of War II, le demi-dieu Persée, incarné à l’écran par Harry Hamlin, est le personnage principal du film Le Choc des Titans réalisé par Desmond Davis en 1981. Ce personnage mythique est un des nombreux enfants cachés de Zeus, dont l’aventure pour sauver la belle Andromède de son sacrifice au Kraken l’amène jusqu’à la tête de Méduse, seule créature à pouvoir détruire le monstre de Poséidon. Les plus anciens se souviennent forcément de cet excellent film épique, aux effets spéciaux datés certes mais plein de charme même de nos jours.

 

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En 2010, le français Louis Leterrier réalise le remake de ce classique avec la nouvelle star Sam Worthington dans le rôle de Persée. Le film est sorti le 7 avril en France, en 3D dans les salles équipées. Sympathique mise à jour qui fait également briller le charismatique Mouloud Achour que l’on connait bien sur les télévisions françaises. Sans atteindre la classe de son ainé et justifier ainsi son existence, ce divertissement est tout à fait regardable. C’est de ce film dont le jeu officiel est désormais dans les rayons jeux vidéo des meilleures boutiques, et dont voici le test.

 

Le Choix des Titans

 


Après une trop longue phase d’installation du disque sur la console, Le Choc des Titans présente son contexte historique, pose l’enjeu de la galette : une lutte fratricide entre Zeus et Hadès dont les victimes seront les humains. Jusque là simple fils adoptif d’un pécheur, Persée va découvrir sa véritable parenté durant son périple. Le jeu débute donc sur une petite île, bien avant le commencement du film, par des petites missions toutes simples servant de tutorial. D’emblée on se rend compte que si le jeu est un beat-em-all dans la lignée d’un God of War, le découpage en quêtes elles-mêmes divisées en petites zones de combas fait davantage penser à un jeu de rôle. Le tableau des scores une fois la quête achevée va également dans ce sens.

Persée peut se déplacer librement dans des décors fermés - ou dont des personnages bloquent les accès – jusqu’à trouver un figurant capable de lui donner une mission. Un signe distinctif au dessus de sa tête ne laisse planer aucun doute. Une fois la mission proposée, libre à nous de l’accepter ou non, sachant très bien qu’elles sont indispensables à notre progression dans le jeu. Bascule alors un écran de début de quête, des zones à purifier de leurs ennemis entre deux fondus au noir et un écran récapitulatif des gains une fois celle-ci terminée. Comme le genre l’impose, Persée dispose d’un bouton d’attaques fortes mais lentes, d’un autre pour les attaques faibles mais rapides, d’un saut, d’un verrouillage des cibles et d’un système d’esquive étrangement placé sur le bouton R2. La course est automatique au bout de quelques foulées, ce qui permet de traverser les décors vides assez rapidement.

 

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Le système de combat repose essentiellement sur les très nombreuses armes secondaires de Persée. En effet, quand un ennemi est salement amoché, le joueur a le devoir d’abréger ses souffrances avec une combinaison spéciale. Un petit quick time event apparait alors à l’écran : il faut presser une touche parmi Triangle, Rond, Croix et Carré quand un cercle bleu se trouve à l’intérieur d’un cercle orange. Outre une mise à mort graphique, identique à chaque exécution d’ennemis similaires, cette technique permet surtout de voler l’arme en possession de notre ennemi. Celle-ci vient alors grossir l’inventaire de notre héros. On compte plusieurs catégories : double lames, marteau, hache, arc, orbes d’arts martiaux, orbes de feu, orbes d’enfer, plumes, queues, orbes de soin, protection et même harpe. Autant de classes d’armes qui disposent chacune d’éléments aux caractéristiques et aux designs différents. Il y a clairement de quoi faire pour les collectionneurs.

Sans aller jusqu’à la collecte façon Pokémon de toutes ces armes, en avoir une dans chaque catégorie est indispensable pour progresser dans le jeu puisque certains ennemis ne sont sensibles qu’à certaines armes secondaires. Autant dire que les récupérer va vite devenir votre priorité.

 

On ne change pas une équipe qui ne gagne pas

 


Le Choc des Titans est développé par le studio japonais Game Republic à qui nous devons Folklore sur PlayStation 3. Et sans surprise, le jeu hérite des mêmes défauts que son prédécesseur : à savoir un gameplay lourdingue en un rien de temps.

Dans Folklore, le joueur se lassait vite de devoir éliminer les ennemis systématiquement en leur volant leur âme avec la fonction gyroscopique de la Sixaxis, quand ces derniers étaient affaiblis. Si la reconnaissance de mouvements n’est plus dans le jeu qui nous intéresse aujourd’hui, la redondance de l’élimination des ennemis est en revanche toujours présente…

Pour abattre certains types d’ennemis, il vous faut obligatoirement avoir un certain type d’armes secondaires. Pour ce faire, il faut effectuer une prise sur eux quand ils sont mourants, avec le QTE qui va bien, le tout pour leur voler leur arme. Pour améliorer ces armes secondaires, deux éléments sont indispensables : des objets trouvés sur les dépouilles ou en récompense d’une quête accomplie, et des points de prise propres à chaque arme. Et pour obtenir ces points de prise, il faut de nouveau voler une arme. En clair, pour pouvoir améliorer un arc, le joueur doit voler plusieurs fois ce même arc déjà possédé afin d’avoir les points nécessaires à son amélioration. Le joueur un tantinet consciencieux se mangera donc du quick time event à chaque ennemi afin d’avoir les points d’amélioration suffisants pour booster ses armes.

 

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Pire, pour utiliser ces armes secondaires, Persée doit utiliser une jauge d’âmes… qu’il faut capturer aux ennemis comme dans Folklore. Un code couleur nous indique quand piquer un ennemi avec son épée qui, comme une seringue, absorbera l’âme du vilain empalé, nourrissant ainsi votre jauge d’utilisation d’armes secondaires. Ainsi, pour pouvoir battre certains ennemis, vous devez au préalable charger votre jauge d’âme en pillant les squelettes de base avec la touche R1. Rapidement, le système de combat – cœur du gameplay de ce jeu – atteint ses limites. La fluidité de l’action est sans arrêt coupée par la récolte d’âmes ou de points de prise, et on se demande pourquoi les développeurs n’ont pas simplifié le système avec des orbes absorbés automatiquement par Persée.

De fait, les combats deviennent vite lassants, à la limite du supportable, malgré un bestiaire sans cesse renouvelé d’ennemis n’apparaissant pas dans le film, surtout en matière de boss parfois volumineux et correctement modélisés. Mais ces affrontements contre plus gros que soi ne font pas oublier des quêtes la plupart du temps sans intérêt puisque se résumant à purger un niveau de ses ennemis avec ou sans l’aide d’un personnage de soutien. Conformément au film, la quête de Persée n’est pas une quête solitaire et le demi-dieu est souvent entouré de personnages secondaires gérés par la console.

 

Kratos peut dormir tranquille

 


Même si la démarche peut prêter à sourire, la comparaison entre deux jeux prenant pour cadre la mythologie grecque s’impose et met immédiatement KO le Choc des Titans. A aucun moment le jeu de Game Republic n’offre le souffle épique, le dynamisme et la démesure de God of War III. Les combats ne sont ici jamais impressionnants, l’histoire n’arrive jamais à offrir une tension dramatique ou un enjeu stimulant. La réalisation du jeu est restée bloquée à 2007 avec des textures simplistes, des effets tout sauf spéciaux, des couleurs peu nombreuses, des scintillements et de l’aliasing. L’animation n’est pas en reste et offre des personnages d’une raideur à peine croyable en 2010.

 

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Ceci dit, Persée, Io, Andromède et certains seconds couteaux bénéficient d’une modélisation plutôt soignée et vraiment proches des acteurs qui les campent à l’écran, même si Zeus et Hadès respectivement Liam Neeson et Ralph Fiennes ne sont pas au casting. Le tout est accompagné d’une bande originale aux musiques aussi rares que banales et les dialogues sont en anglais, sous-titrés en français. Vraiment, le Choc des Titans ne s’adresse qu’aux fans du film qui veulent prolonger l’aventure du film – l’histoire est nettement plus complète qu’au cinéma – et occuper une bonne dizaine d’heures de leur vie pour 40 euros. Les autres à ce prix peuvent se chopper God of War Collection s’ils cherchent un monument d’action.

 

Graphismes
6 / 10
Une réalisation qui en est restée aux débuts de la console : elle aurait pu étonner à l'époque mais on a vu largement mieux depuis.

 

Jouabilité
5 / 10
Pas spécialement de problème en matière de prise en main, mais c'est le fond du gameplay qui cloche : les combats sont répétitifs et lassants au bout de deux heures.

 

Son
6 / 10
Les voix anglaises sous-titrées sont convenables mais les musiques sont aussi rares que déplacées puisque plus proches d'un rythme dance que de cuivres épiques.

 

Durée de vie
7 / 10
Comptez une bonne dizaine d'heures pour faire le tour du jeu, et un peu plus si vous voulez obtenir le trophée de platine et accomplir les défis. Du DLC est également annoncé.

 

Fun
5 / 10
Pouvoir incarner Persée dans sa quête est trippant à condition d'avoir un jeu à la hauteur de ses ambitions. Ce n'est pas le cas ici.

 

 


Verdict

5/10

Gameplay rapidement lourdingue, quêtes répétitives à outrance et réalisation datée : Le Choc des Titans ne fait à aucun moment de l'ombre au meilleur jeu d'action de la PlayStation 3 qu'est God of War III. Néanmoins, le prix de départ à 40 euros en boutique, la durée de vie d'une bonne dizaine d'heures de jeu et l'histoire plus approfondie que celle du film pourront en séduire certains. Sans être un ratage complet, cette production franchement moyenne a tout pour passer inaperçue.

Publié dans Tests

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